Comment traiter les tâches cutanées avec les Huiles Essentielles
Les tâches cutanées sont des lésions non cancéreuses, parfois disgracieuses, qui apparaissent le plus souvent avec l’âge, fréquemment sur des zones du corps exposées au soleil.
Il ne s’agit pas ici de proposer des produits controversés à visée éclaircissante (comme ceux épinglés par la DGCCRF [1]), mais de déterminer une stratégie aromatique qui permette de retrouver une pigmentation harmonieuse et un teint uniforme.
Origine de ces tâches
Ces tâches sont dues à une accumulation cutanée du pigment (la mélanine) produit par des cellules de l’épiderme (les mélanocytes). Ce pigment est progressivement transféré aux kératinocytes, les cellules qui constituent la partie la plus superficielle de notre peau (appelée épiderme).
Ainsi, la peau est naturellement « teintée dans la masse », et présente normalement une coloration homogène. Ce processus est naturellement stimulé par certains facteurs, comme l’exposition aux rayons ultraviolets : on sait bien que l’on bronze lorsqu’on s’expose au soleil…
Malheureusement, il arrive que le fonctionnement des mélanocytes s’emballe localement, et que des tâches cutanées apparaissent.
Elles sont déclenchées par 4 facteurs principaux :
- Le soleil : voilà pourquoi elles apparaissent surtout sur le visage, le décolleté, et les mains.
- L’âge : elles apparaissent souvent après 35 ans (mais elles sont possibles avant).
- Les hormones : voilà pourquoi la grossesse déclenche parfois un chloasma, vulgairement appelé «masque de grossesse».
- Les agressions cutanées en général : voilà pourquoi une cicatrisation suite à une lésion ne présente pas toujours la même teinte que les zones non touchées.
Stratégie cosmétique
En cosmétique, on cherche à inhiber la tyrosinase, l’enzyme qui est responsable de la production de la mélanine. Ainsi, lorsque les cellules produisent moins de mélanine, les tâches disparaissent progressivement, au fur et à mesure du renouvellement normal de l’épiderme.
Or l’aromathérapie, là encore, nous fournit des outils naturels dont l’efficacité a été scientifiquement prouvée sur les tâches pigmentaires. Voici quelques huiles essentielles qui pourront intégrer vos crèmes pour faire disparaitre ces tâches peu esthétiques !
L’HE d’Achillea millefolium et de Vetiveria zizanoïdes
Des chercheurs ont montré que l’acétate de linalyle de l’huile essentielle d’Achillée millefeuille (Achillea millefolium) [2] et le cédrenol du Vétiver (Vetiveria Zizanioides) [3] inhibent l’activité de la tyrosinase. De plus d’après ces études, ces HE n’exercent aucune action (aux doses testées) toxique ou dangereuse sur les cellules !
L’HE de Piper nigrum
Une molécule très connue en Aromathérapie, le ß-caryophyllène [4], semble jouer un rôle inhibiteur sur la production de mélanine, d’une façon dose-dépendante : autrement dit, plus la dose est élevée, plus l’effet est flagrant. Or, cette molécule est présente de façon très abondante dans certaines menthes, mais surtout dans l’HE de poivre noir !
Les HE issues du genre Citrus
Les HE du genre Citrus obtenues à partir du zeste (on devrait d’ailleurs plutôt parler d’essences que d’HE) sont connues pour contenir des furocoumarines, qui peuvent être photosensibilisantes : si on les applique dans les 18h qui précédent une exposition au soleil, on risque l’apparition de tâches, même à faible dose ! Dès lors, il est surprenant de constater qu’on retrouve de nombreux Citrus (comme l’HE de Citron zeste) parmi les HE ayant une action inhibitrice sur la tyrosinase, c’est-à-dire qui justement, s’oppose à l’apparition de tâches pigmentaires [5] ! Sans entrer dans les détails, une étude a même établi que l’inhibition se faisait de deux façons différentes, ce qui laisse présager une belle efficacité.
L’HE de Santa alba
Le bois de Santal est plus connu pour ses propriétés spirituelles (en Inde, se faire incinérer au bois de Santal à Varanasi facilite l’accès de l’âme au Nirvana), mais est moins réputé pour son effet inhibiteur sur la tyrosinase [6]. Ainsi, l’HE de bois de Santal pourrait présenter un effet intéressant sur les tâches pigmentaires.
L’HE de Daucus Carotta
L’HE de Carotte (semences) est connue pour stimuler la régénération des cellules de l’épiderme. Ainsi, en favorisant le renouvellement des kératinocytes, cette HE présente une action complémentaire à celles qui agissent sur le processus de formation des pigments responsables des tâches pigmentaires. En effet, d’un côté on s’oppose à la formation de la mélanine, de l’autre on favorise le remplacement des kératinocytes déjà formés et pigmentés par de nouvelles cellules, moins pigmentées.
Proposition de crème anti-tâches
En ayant en tête les actions étudiées jusqu’ici, il est possible de proposer une association pertinente pour agir sur les tâches existantes.
Pour cela, il faudra avoir une base de crème plutôt légère, impérativement bio (par exemple avec un label Cosmos Natural, Cosmos Organic, ou Nature & Progrès). Vous pourrez soit la trouver dans le commerce, soit la réaliser vous-même (voir la masterclass correspondante).
Voici le protocole à suivre :
10 gouttes d’HE de bois de Santal
10 gouttes d’HE de Poivre noir
10 gouttes d’HE de Vétiver
5 gouttes d’HE d’Achillée millefeuille
5 gouttes d’HE de Carotte.
- Prendre 50g de la crème sélectionnée et la mettre dans un petit bol.
- Ajouter dans la préparation :
- Appliquer la préparation sur les zones touchées par les tâches, matin et soir.
Notons qu’en hiver uniquement, il sera possible par exemple de remplacer l’HE de Vétiver par l’HE (essence) de Citron zeste. Il faudra, dans ce cas, n’utiliser la crème que le soir, ou sur des zones qui ne sont jamais exposées au soleil. Sans cela, vous risquez d’obtenir l’effet opposé à celui désiré, et de voir vos tâches cutanées se multiplier au lieu de diminuer !
Pour conclure, rappelons que la sélection effectuée ici n’est pas exhaustive, et que de nombreuses HE agissent sur la pigmentation de la peau. Vous trouverez un panorama plus complet dans mon livre Physiologie et Huiles Essentielles, paru aux éditions Dunod [7]. Même si les HE ne sont sans doute pas aussi efficaces que certaines préparations cosmétiques ou dermatologiques, ces dernières peuvent être décriées, comme l’a été l’hydroquinone qui n’est plus aujourd’hui autorisée dans les produits cosmétiques du marché européen [8].
Références :
[2] Peng, H. Y., Lin, C. C., Wang, H. Y., Shih, Y., & Chou, S. T. (2014). The melanogenesis alteration effects of Achillea millefolium L. essential oil and linalyl acetate: involvement of oxidative stress and the JNK and ERK signaling pathways in melanoma cells. PloS one, 9(4), e95186.
[3] Peng, H. Y., Lai, C. C., Lin, C. C., & Chou, S. T. (2014). Effect of Vetiveria zizanioides essential oil on melanogenesis in melanoma cells: Downregulation of tyrosinase expression and suppression of oxidative stress. The Scientific World Journal, 2014.
[4] Yang, C. H., Huang, Y. C., Tsai, M. L., Cheng, C. Y., Liu, L. L., Yen, Y. W., & Chen, W. L. (2015). Inhibition of melanogenesis by β‐caryophyllene from lime mint essential oil in mouse B16 melanoma cells. International journal of cosmetic science, 37(5), 550-554.
[5] Matsuura, R., Ukeda, H., & Sawamura, M. (2006). Tyrosinase inhibitory activity of citrus essential oils. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 54(6), 2309-2313.
[6] Misra, B. B., & Dey, S. (2013). TLC-bioautographic evaluation of in vitro anti-tyrosinase and anti-cholinesterase potentials of sandalwood oil. Natural Product Communications, 8(2), 1934578X1300800231.
